Le dimanche 30 mai dernier, j’ai répondu à l’invitation de l’Union nationale des lycéens (UNL) A l’occasion de leur conseil national, qui réunit les représentants de ce syndicat, ces lycéennes et lycéens avaient décidé d’engager la réflexion sur les nouvelles formes d’engagement susceptibles de transformer la société.
C’est avec plaisir que nous avons reçu la demande, adressée au Mouvement pour la 6e République, de participer à cette réflexion. Avant d’en rendre mes impressions, je voudrais saluer cette initiative, qui montre à la fois l’intérêt décisif qui est porté aujourd’hui à l’engagement démocratique et la place décisive qu’occupe notre mouvement dans la réalisation de cette aspiration commune.
J’ai bien entendu commencé par présenter notre action au fil de ces deux années, toujours tournée vers le peuple à partir de celles et ceux qui se sont engagés au sein du M6R : manifestations en ligne, convocation d’une assemblée représentative, mise en place d’un système de financement participatif, rédaction et vote collectifs du texte « Pour la 6e République », évaluation et proposition d’une charte aux listes pour les élections régionales, participation à Alternatiba dans le cadre de la mobilisation citoyenne autour de la COP 21, journée contre l’état d’urgence, tirage au sort d’un comité éthique pour garantir le bon fonctionnement du m6r, élection de porte-parole, rédaction et amendements collectifs sur la proposition de loi pour convoquer une Constituante.
Bref, ces lycéennes et lycéens ont pu se rendre compte que nous agissions fermement et avec continuité pour changer de République. Avec nos plus de 106 000 signataires, nos plus de 20 000 inscrits sur la plateforme numérique de vote et de débats « Nous le Peuple », nous avons les moyens de peser dans le débat politique. Avec l’année politique décisive à venir, il me paraissait particulièrement important de m’adresser à ces forces vives impliquées dans le retrait de la loi El-Khomri.
L’actualité n’est pas un prétexte pour lier la question démocratique à la question sociale : elle est bien davantage la preuve irréfutable que ce lien existe. L’usage du 49.3, particulièrement scandaleux pour faire passer cette loi dont personne ne veut, est le point d’orgue de cette connexion entre autoritarisme de cette caste au pouvoir et destruction des droits sociaux dans le pays. Syndicats, Nuit Debout et mouvements citoyens s’unissent dans le combat démocratique et social pour rompre avec ce monde. Monde où certains ne rougissent pas de comparer des syndicats à des terroristes, pour ne pas citer l’inénarrable Franz-Olivier Giesbert, où l’expression « preneur d’otages » passe comme lettre à la poste pour qualifier l’action courageuse de travailleurs qui luttent pour les droits de toutes et tous. Monde de l’approximation, du mensonge et de la trahison des électeurs : nous voulons rompre avec lui.
C’est pourquoi, avec les lycéens et lycéennes présents, j’ai insisté sur la dimension sociale du projet et de la stratégie du passage à la 6e République : la démocratie ne doit pas uniquement être établie au niveau parlementaire et exécutif, elle doit innerver toute la société. Entreprises, collectivités territoriales, associations, administration : partout nous devons imaginer un nouvel ordonnancement du monde qui corresponde au temps présent. Voici pourquoi ces 106 000 membres du M6R ont signé pour « de nouveaux droits personnels, sociaux et écologiques ».
Revendiquer la 6e République, c’est placer au centre la question du pouvoir populaire ; refuser que le peuple soit méprisé lorsqu’il est en réalité le seul et unique dépositaire de la souveraineté en démocratie. Reprendre nos droits sur nos existences, telle est la ligne d’horizon que nous fixons. C’est dans ce sens que nous lancerons bientôt une campagne autour d’une proposition de loi visant à la convocation d’une Constituante, pour rédiger démocratiquement une nouvelle Constitution. Nous savons que la volonté d’en finir avec l’absurdité actuelle de la Ve République existe. Nous voulons lui ouvrir une piste, permettre à toutes et tous de s’y impliquer. L’opportunité de transformer le pays et de tenir les rênes de nos vies est à portée de main.
Nous allons la saisir, et je crois fermement que les lycéennes et lycéens qui ont eu la gentillesse de nous convier en sont convaincus. Qu’ils nous accompagnent dans le combat à venir, avec tant d’autres, et dans un an notre peuple écrira une nouvelle page de l’histoire de notre pays.
Pierre-Yves Cadalen, porte-parole du M6R