Le projet de révision constitutionnelle présenté aujourd’hui en conseil des ministres relève d’une volonté de récupération politique indigne. Désireux d’exploiter politiquement l’émotion légitime que les lâches assassinats du 13 novembre dernier ont créée, F. Hollande s’est empressé d’annoncer un projet de révision constitutionnelle, pour faire figurer l’état d’urgence et la déchéance de nationalité dans la Constitution. Ces mesures sont, en plus d’être abjectes, inutiles et inefficaces : on peut douter du pouvoir de dissuasion d’une déchéance de nationalité pour quelqu’un prêt à commettre les pires crimes. Pire, les citoyens français ne sont pas reconnus égaux devant la loi (certains seraient déchus de leur nationalité, d’autres pas). Il ne s’agit donc ni de punir, ni de dissuader, ni de garantir la sécurité des personnes, mais d’une basse manœuvre politicienne visant à apparaître plus de droite que l’extrême droite d’où émane cette proposition. Nous ne serons pas davantage en sécurité, et aurons en plus renié nos principes : cette réforme jetterait injustement la suspicion sur des milliers de français, du seul fait d’une double nationalité qu’ils n’ont pas nécessairement demandée, sans augmenter pour autant la sécurité du pays.
Cette précipitation en dit d’ailleurs long sur le cynisme du pouvoir en place. Lors du vote sur la prorogation de l’état d’urgence, Manuel Valls avait explicitement demandé aux députés et aux sénateurs de ne pas saisir le Conseil constitutionnel, tant il semblait peu convaincu de la constitutionnalité des mesures prises par son propre gouvernement : si un certain nombre de reculs démocratiques sont contraires aux principes fondamentaux, le problème, c’est la Constitution !
Bien entendu, il n’est pas question de demander au peuple son avis par référendum. Pire encore, le gouvernement profite éhontément des festivités de fin d’année pour présenter en catimini une modification aussi grave de la loi fondamentale. Le peuple est doublement tenu à l’écart.
Il faut en finir avec ce régime autoritaire : la solution, c’est le peuple ! C’est à lui, et à lui seul, de décider des institutions de la République. Il le fera en élisant une Assemblée constituante, pour fonder un nouveau régime politique pour la France.