Par Christian Salmon, écrivain
De la Politique à la Littérature, il n’y a pas si loin lorsqu’elles sont à leur plus haut niveau d’exigence et que, pour ainsi dire, elles sont au plus près de leur raison d’être : elles créent des mondes possibles, elles explorent des possibilités de vie, elle inventent un peuple à venir. C’est à cela qu’on reconnaît les grands romans comme les révolutions : ils accomplissent un changement de perception, une révolution du sensible ; ils enregistrent de nouveaux rapports au corps, au temps et à l’espace. Lorsque cette exigence se perd, politique et littérature régressent aussitôt au niveau de la gestion au jour le jour de l’attention publique : spectacle de la politique et feuilleton des destins personnels. Inutile d’y insister c’est notre vie quotidienne médiatique, le plafond de verre de notre pauvre imaginaire collectif. C’est ce plafond de verre que le « mouvement » pour la 6ème République se propose de faire sauter.
Inventer un peuple dans le champ de la politique ou de la littérature, cela signifie actualiser une virtualité, donner à voir une communauté qui vient, et les formes qu’elle prend : assemblées virtuelles, marches, manifestations, mobilisations numériques, conseils, concerts… c’est révéler, comme on le fait d’une photographie, non pas une vérité mais une image, c’est renommer cette image, c’est inventer un peuple. Non pas le peuple de la sociologie électorale, non pas le peuple qu’auscultent, comme un patient, les instituts de sondages… Le peuple manque car il n’est pas une donnée objective, c’est une marée, un mouvement : il manque à lui même et aux autres. Il peut s’absenter pendant des décennies de la scène de l’Histoire et faire une réapparition surprenante sous des formes toujours nouvelles et imprévisibles, dans certaines circonstances, par exemple lorsqu’il s’assemble en 2011 lors des révolutions arabes sur les places publiques pour faire entendre sa voix ou lors des grandes apparitions historiques sur la scène du roman comme ce fut le cas du peuple d’Amérique latine dans Cent ans de solitude ; le roman-genèse de Garcia Marquez qui fut un événement qu’on peut qualifier de politico-littéraire puisque tout un peuple s’est soudain reconnu dans une communauté fictive de villageois. « Le monde était si récent que beaucoup de choses n’avaient pas encore de nom et pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt. »
Les fictions littéraires ont un pouvoir constituant. Les œuvres constituantes des révolutions relancent l’invention démocratique. L’une et l’autre créent des mondes possibles. Inventer un peuple c’est « repeupler » le monde de possibilités humaines mais aussi animales, végétales, et même de produits manufacturés d’une autre espèce, dont on n’avait pas idée ; c’est libérer des devenirs à l’oeuvre et les relier à des minorités… Entreprise écologique par excellence. Car si les majorité ont un avenir seules les minorités ont des devenirs. Seules les minorités, les exclus, les sans-quelquechose, les denizens peuvent entrer dans des devenirs mutants, dans des processus de transformation car ils n’ont rien à perdre, étant sans-quelquechose. Les majorités, les citizens, les ayants droits ont un passé, un héritage à conserver, un statu quo à préserver. Ils ne peuvent pas muter, trop de droits à transmettre, trop de puissance à exercer, trop de lobbying à exercer. Les majorités se forment, se constituent, se coalisant, en excluant les devenirs… Les minorités sont obliger de muter, de devenir. C’est à elles que l’appel pour une 6ème République s’adresse. Il ne prétend qu’une chose à son commencement : redonner à ces minorités multiples, divisées, repliées sur elles-mêmes, un droit imprescriptible, un droit d’invention, le droit aux devenirs imprévus. Le droit d’inventer sa vie, les formes qu’elle prend avec d’autres, les figures et les couleurs du commun, le pouvoir de se constituer en sujets vivants d’une aventure commune. Non plus seulement la résistance mais la persistance et la relance d’un récit commun : le droit de se constituer en sujets : une fiction constituante.
Je demande l’élection d’une assemblée constituante qui fonde avec les citoyens la 6e République. Une République débarrassée de la monarchie présidentielle et fondant les nouveaux droits personnels, écologiques et sociaux dont notre pays a besoin.
Je recevrai par mail les informations sur le Mouvement pour la 6e République.
[emailpetition id= »1″]
Réinventer, réfléchir, débattre! D’une idée à une autre, en débattant, on finit toujours par avancer une meilleure idée!
Rien n’oblige l’homme à courir, et pourtant nous courons tous, vous êtes vous « amusés » un jour à vous arrêtez dans une file qui glisse d’une station de métro à une autre ? essayez et vous verrez que c’est impossible, la foule donc le peuple donc tout le monde se pousse les uns les autres, pour faire quoi ? attendre de nouveau sur le nouveau quai, ou par chance dans la première rame qui passe et dans laquelle vous vous enfoncez !
La vie de tous les jours est comme ça, donc la première des choses à « inventer » c’est celle de ne plus courir ! Toute la journée vous consommez du pétrole sous toutes ses formes, en liquide en gaz ou en plastique quelconque ! vous êtes vous posé la question une seule fois de savoir comment serait votre vie si il n’y avait plus de pétrole ? et si ensemble nous nous posions cette question ! assurément notre vie à tous changerait , il faut simplement s’y mettre !
Christian nous montre avec talent que l’avenir d’une société est dans le mouvement. Lorsqu’elle se bloque c’est seulement par l’émergence du peuple qu’elle peut se tracer un futur.
L’exemple des pays d’Amérique du sud est très intéressant de ce point de vue. La chape de plomb imposée par les régimes fascistes a conduit à l’émergence d’une conscience populaire et une volonté du plus grand nombre d’intervenir dans la construction de la société, à méditer (nous ne sommes pas obligés de passer par la case fascisme !)..
juste lire Plan C d’étienne chouard. Clairement ce serait ça à appliquer pour le début.
Par rapport aux propositions pas de vote… pas d’election comme des moutons, mais un tirage au sort ou tout le monde à sa chance de participer. Ca existe bien pour les jury de cours d’assise alors pourquoi pas en politique. Si l’état considère que n’importe quel citoyen peut avoir une opinion sur un crime, quel plus grand crime que ce que nous font subir nos politiciens élus ?! Corruption, conflit d’interet, réserve parlementaire…. je suis sur qu’on peut trouver facilement des centaines de million voir millards d’euro à économiser !.
.Merci de nous inviter à inventer…même des produits manufacturés d’une autre espèce dont on avait pas idée…sa vie, les formes qu’elle prend avec d’autres le pouvoir de se constituer en sujets vivants d’une aventure commune… Tout un programme, mais comment prévoit-on de se prémunir contre la prédation du capital qui capte les brevets et détourne l’aventure commune ?
.« L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir. »
de Jean Jaurès
.Les médias sont un des gros problèmes que nous rencontrons actuellement, en ce sens qu’ils sont au service de cette pensée unique qui consiste à sacraliser le capitalisme. En raisonnant ainsi, inévitablement les vraies valeurs de Gauche sont écartées d’un revers de main, d’un coup de menton méprisant et n’ont droit de citer que très difficilement, avec une contradiction organisée et permanente.
Donc, étant donné « l’aide » que nous rencontrons dans les médias, nous avons intérêt à être inventifs et à nous saisir des outils qui permettront notre communication. Nous avons réalisé la nécessité que chacun s’approprie les réseaux sociaux. Nous devons à présent trouver le moyen de diffuser par l’image nos infos, nos analyses, la parole du Peuple, la vérité sur la crise, etc.
Le PG a une page intitulée : La télé de Gauche. Elle met en lien un certain nombre de vidéos, en provenance de Dailymotion France.
Pourquoi ne franchirions-nous pas le pas en rendant cette télé de Gauche comme une véritable Web télé ? Ainsi nous pourrions avoir des émissions en direct le midi, en soirée et le soir. Reste le problème des moyens à résoudre, au travers d’un partenariat renforcé avec Dailymotion France et d’une souscription populaire portée par les militants et sur Internet.
.
Le Web TV est un média alternatif. Il faut trouver des journalistes pour animer l’antenne, conduire les reportages et interviews. C’est un budget de fonctionnement qui comprend les salaires. On ne pourra pas beaucoup compter sur la pub… et puis, il est vital d’être indépendant !
J’ai évoqué le salariat car il n’est pas toujours aisé de trouver des gens vraiment compétents et aussi disponibles. Je me place dans l’optique où on a une permanence d’antenne sur plusieurs plages horaires dans la journée. Il y a aussi la possibilité de copains du métier retraités… Dans le domaine de l’info, on ne peut pas faire dans l’amateurisme et l’improvisation. On est condamné à trouver des solutions qui tiennent la route.
Les radios libres, je les ai en tête, bien entendu… L’équilibre sera peut-être trouvé en mixant les propositions. C’est passionnant, car on en est au tout début de ce type de média.
C’est certain, la puissance du Web, c’est aussi cette capacité à faire exploser l’info par les partages.